
Résumé du spectacle
L’air se contamine, l’eau devient acide et le corps de Joséphine paralyse dans un grand lit de mousse verte. La beauté trouvera-t-elle son chemin ?
Joséphine et Joseph, deux invalides, se maintiennent en vie au nom de leur amour dans un univers post-apocalyptique. La ville est devenue le fantôme d’elle-même : les rues sont désertes, les animaux sont morts et le fleuve est un dépotoir. Il ne reste que l’usine qui trône au cœur du centre-ville. Les déchets toxiques de celle-ci forment une immense boue rouge retenue dans un bassin entouré d’une digue qui menace de céder. Ces deux jeunes adultes en quête d’amour, de soi et de l’autre trouveront refuge dans un vieil autobus de ville qui prendra peu à peu l’allure d’une chambre d’hôpital.
Le Collectif des sœurs Amar, c’est trois sœurs, trois artistes formées à Québec, respectivement dans les domaines du théâtre, du cirque et de la musique.
Quand le corps ne suit plus, comment l’esprit se muscle-t-il ? Comment se protège-t-il ?
Équipe artistique
Distribution

Laura Amar
Joséphine

Gabriel Cloutier-Tremblay
Joseph

Léa Ratycz Légaré
Joseph

Jean-François Duke
Joséphine
Équipe
Texte Laura Amar
Productrices Les sœurs Amar
Mise en scène Frédérique Bradet
Assistance à la mise en scène Claude Amar
Direction de production Claude Amar
Direction du mouvement Jean-François Duke
Conception sonore Samuel Sérandour, avec la participation de Claude Amar
Conception lumière Louis-Robert Bouchard
Conception des costumes Delphine Gagné
Assistance aux costumes et aux accessoires Emily Wahlman
Conception des décors Louis-Robert Bouchard
Œil extérieur Florence Amar
Mot de la metteure en scène

Frédéric Blanchette
Metteure en scène
L’usine est la première mise en scène de Frédérique Bradet.
Lorsque j’ai découvert et suis entrée dans ce monde dystopique, imaginaire qu’est l’Usine – pendant une première étape de travail au Jamais lu en 2019 – Joséphine et Joseph, nos protagonistes, m’ont dès lors donné une impression à la fois parfaitement décalée et profondément familière. Je me suis instantanément éprise d’eux, de leur fougue presqu’enfantine, intarissable; de leurs corps se démenant, comme des mouches dans du miel, contre leurs démons, leur passé, tout leur univers devenu bancal. Ils n’ont cessé depuis de m’accompagner en pensée. Je les retrouve dans les yeux de ce couple de personnes âgées croisé au détour d’une rue; je les perçois dans les gestes mal assurés, indécis – mais empreints d’une volonté inébranlable et d’une insouciance heureuse – de tous ces enfants jouant librement au parc, grimpant et s’étourdissant dans ces modules de jeux vertigineux. Ces personnages me sont apparus inévitablement pluriels. Comme nous tous, d’ailleurs. Peu m’importe leur identité de genre ou leur âge, qu’ils aient 6 ou 90 ans, ou les deux en même temps. Ce qui m’importe, c’est leurs désirs enfouis. C’est là que j’ai eu envie de gratter, d’appuyer, pour faire émerger cette fragilité trop souvent inavouée, dissimulée, voire oubliée.
J’en conviens: de prime abord, l’univers de l’Usine a une allure austère, presqu’ hostile : cet air sale et vicié, qui pénètre nos pores et bientôt nous aliène; ces examens médicaux intrusifs et sournois; cette amnésie dissociative qui s’étale en rempart et obstrue les coeurs (force est d’admettre que cette apparente fiction se rapproche dangereusement de certains de nos grands enjeux sociétaux). Mais ce terrain, aussi abrupt soit-il, nous déjoue et nous convie sans cesse au jeu: l’obstacle devient parcours, et le vertige nous pointe l’euphorie.
Et dans ce beau périple, où j’ai eu le bonheur d’être nommée capitaine de l’équipe, il y a des artistes d’une générosité rare, concepteurs comme interprètes, qui ont creusé et fouillé et sué – abondamment, même! – à mes côtés.
Cher public, bienvenue dans cet univers que l’on a voulu à la fois poétique et étonnamment concret. Nul besoin de déchiffrer tous les codes. Les codes et les règles ne nous intéressent pas ici. On a choisi de s’adresser au coeur.
Bonne soirée!
Frédérique Bradet
Metteure en scène
Suggestions littéraires
L'arrache-coeur
De Boris Vian,
28 août
Le sentier longeait la falaise. Il était bordé de calamines en fleur et de brouillouses un peu passées dont les pétales noircis jonchaient le sol. Des insectes pointus avaient creusé le sol de mille petits trous ; sous les pieds, c'était comme de l'éponge morte de froid.
Jacquemort avançait sans se presser et regardait les calamines dont le cœur rouge sombre battait au soleil. À chaque pulsation, un nuage de pollen s'élevait, puis retombait sur les feuilles agitées d'un lent tremblement. Distraites, des abeilles vaquaient.
L'avalée des avalés
De Réjean Ducharme,
« Tout m'avale... Je suis avalée par le fleuve trop grand, par le ciel trop haut, par les fleurs trop fragiles, par les papillons trop craintifs, par le visage trop beau de ma mère... »
Les enfants en mènent large. Ils peuvent dire pis qu'aimer, pis que pendre. Ils ont tous les droits Entre vingt et vingt-trois ans (l'âge de ce roman), on a toutes les lois, toutes en même temps. Si on est doué, on les apprend. Si on est pas content, on se déprend, en se souvenant, en imaginant.
Réjean Ducharme
Le mur invisible
De Marlen Haushofer,
Dans cette aventure bouleversante placée sous le signe du labeur, de la solitude et de la peur, se trouvent réunis les thèmes qui hantent toute l'oeuvre de Marlen Haushofer.
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Remerciements
CALQ ; CAC ; Première Ovation ; Les chantiers/constructions artistiques ; Fouzia Bouguerch ; Jérôme Nolet ; Daniel Blouin ; Marie-Hélène Gendreau ; Marie-Josée Bastien ; Florence Amar ; Nathalie Séguin ; Emmanuel Pelletier-Michaud ; Mathieu C. Bernard ; Anne-Sophie Trottier ; Émélie Morin ; Maxime Amar ; Juliette Bernatchez & Marc Gourdeau